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PROLOGUE.

curseur d’O’Connell ; Wolfe Tone, le chef des Irlandais-Unis, et une foule d’obscurs martyrs à qui la poésie nationale avait tressé de belles couronnes.

Cette vaste salle, malgré la naïve profusion des estampes grossières collées à ses murailles, malgré la pauvreté du repas offert à ses hôtes, malgré même le voisinage des animaux domestiques qui faisait de l’une de ses moitiés une étable, conservait en son aspect une sorte de grandeur sauvage.

Cela tenait un peu à la pièce elle-même, dont la charpente élevée se perdait dans l’obscurité, et beaucoup à la noble mine des convives assemblés autour de la table.

Le vieux Mill’s Mac-Diarmid était un vieillard de grande taille, à la physionomie calme et sévère ; son front large et presque chauve gardait autour des tempes d’épaisses masses de cheveux blancs. Son regard était impérieux et ferme dans sa douceur. Il y avait sur son visage, où la vieillesse avait mis peu de rides, comme une auréole de patriarcale puissance.

Lorsqu’il parlait, chacun se taisait, et chaque mot qui sortait de sa bouche tombait comme un oracle sur la famille attentive.

Les regards de ses fils, en se tournant vers