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MAC-DIARMID.

hommes à la lumière du jour et hardiment proclamer leurs haines.

Ils furent esclaves si longtemps, que la vue du maître suffit encore à les courber. Ils peuvent bien, la nuit venue, prendre en main le fusil et la torche ; ils peuvent incendier, combattre, mourir.

Mais regarder un Anglais en face est au-dessus de leurs forces.

Il semble qu’ils aient honte d’être libres ou que leur liberté, proclamée, soit pour eux une décevante chimère. Ils ignorent l’usage calme et digne de leurs droits de citoyens. Ils ne voient point de milieu entre la violence sauvage et la puérile frayeur. Ils rougissent sous le regard comme des enfants menacés du fouet de l’école ; et ces mêmes hommes à qui les ténèbres et leurs masques vont donner une audace indomptable, fuiront le visage de leur ennemi au premier rayon de soleil, et se détourneront de sa voie comme s’ils étaient de faibles femmes.

S’ils ne se cachent pas à son approche, ils lui souriront, ils le flatteront, et leur bouche pourra, sans se blesser, couvrir la haine amassée sous de caressantes paroles.

Il faudra des années pour guérir cette lèpre de la servitude, de longues années de liberté ;