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PREMIÈRE PARTIE.

nêtres, forcez le Saxon à crier pour William Derry.

Évidemment Patrick ne demandait pas mieux, mais au milieu de sa course il s’arrêta brusquement, et son shillelah retomba le long de son flanc.

— Le major !… murmura-t-il.

Ceux qui le suivaient de plus près murmurèrent comme lui :

— Le major !…

Et ce nom, répété tout bas de proche en proche, arriva jusqu’à la porte de l’auberge du Grand Libérateur, franchit le tap, traversa le comptoir, et monta d’étage en étage.

Dans la rue on cessa de crier aussitôt ; on se tut dans le cabaret ; on fit silence aux fenêtres.

Ces hommes ivres, qui s’élançaient menaçants tout à l’heure, se rangèrent des deux côtés de la chaussée, laissant libre un large passage.

Patrick, d’un geste machinal, toucha son chapeau à petits bords en signe de respect.

Le major lui rendit son salut, et tout le monde se découvrit…

Ils sont ainsi faits, même aux heures d’ivresse. La main qui pesa sur eux fut si lourde, qu’ils ne savent point encore se redresser comme des