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PREMIÈRE PARTIE.

dans sa stalle auprès de la fenêtre, il eût revu en ce moment la grande figure brune qui, un instant auparavant, avait attiré si vivement son attention.

La grande figure était toujours à la même place, mais elle n’était plus seule. Au-dessous d’elle, à une autre ouverture de l’ogive, se montrait une tête de jeune homme, blonde et douce, dont les yeux bleus se fixaient avidement sur le major.

Il y avait dans ce regard de la tristesse et de la menace. Quant au géant, son visage exprimait un triomphe naïf. Il avait fait un coup adroit : le caillou auquel était attachée la sentence de mort signée Molly-Maguire avait frappé le major en pleine poitrine ; on ne pouvait mieux faire.

Le major était maintenant à moitié chemin du Roi Malcolm au Grand Libérateur.

Patrick Mac-Duff, qui commençait à distinguer ses épaulettes et son écharpe, ralentit le moulinet de son bâton et baissa la voix d’un ton.

Arrah ! dit-il, c’est un officier !… Pensez-vous qu’il faille le mettre dans le ruisseau, vous autres ?

— Un officier ne vaut pas mieux qu’un soldat,