Les gens du cabaret de Janvier O’Neil aperçurent au loin la couleur vive et les dorures de l’uniforme du major.
— Voilà un dragon ! s’écria Patrick Mac-Duff, du bourg de Knockderry. Que Dieu le protége s’il passe à portée de mon shillelah !
Patrick était un grand gaillard, rose, frais, bien découplé, qui ne mangeait de la viande qu’une fois l’an, le jour de Noël, comme tout paysan irlandais, mais à qui la pomme de terre et le gâteau d’avoine avaient merveilleusement profité.
— Gare au dragon ! répondit un chœur de voix échauffées.
Patrick Mac-Duff, qui buvait, commodément assis sur le pavé, se leva et fit faire à son bâton deux ou trois fois le tour de sa tête.
Une douzaine de garçons l’imita. Aux fenêtres on criait : « Courage ! » et on disait : « Bravo ! »
Tous les regards étaient fixés sur le major qui continuait de s’avancer.
Aux croisées du Roi Malcolm, d’autres regards également ennemis suivaient la marche de Percy Mortimer.
— Cela nous eût fait une mauvaise affaire, disait le procureur O’Kir, si nous avions porté la main sur un officier de Sa Majesté ; mais du