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PREMIÈRE PARTIE.

L’honorable Algernon Arrow avait été, en son vivant, un de ces torys modèles, créés spécialement et tout exprès mis au monde pour étayer de leur épais entêtement le monstrueux édifice des priviléges protestants.

Il était mort plein de fiel, maudissant le parlement, anathématisant Robert Peel, et prédisant la chute de la dynastie de Brunswick, dont les ministres aveuglés traitaient les papistes comme des hommes !

Les temps avaient bien changé depuis l’élection de ce digne gentleman ! Il s’agissait d’envoyer à la chambre un protestant d’égal mérite, et la chose n’était point facile.

— Sullivan pour toujours !

James Sullivan était l’espoir du parti orangiste. Il déplorait amèrement l’émancipation ; il se découvrait avec respect en parlant des batailles bénies de la Boyne et de Londonderry ; il adorait saint Cromwell et pleurait d’attendrissement à la pensée que tel évêque anglican était obligé, vu le malheur des temps, de vivoter avec trois cent mille francs de rente.

L’auberge du Roi Malcolm était un des nombreux centres d’action où se réunissaient les partisans de Sullivan. Son agent électoral avait ouvert un compte courant avec l’honnête Sau-