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PREMIÈRE PARTIE.

domptés qu’ils étaient sous la rigueur de la discipline britannique.

Le major resta le dernier ; il avait remis son pistolet dans sa ceinture, et allait passer la porte à son tour, lorsqu’un cri furieux s’éleva derrière lui dans la salle.

L’ivresse était à son comble ; il y avait réaction aveugle contre ce sentiment de peur qui naguère comprimait l’assemblée.

En définitive, les bourgeois de Galway étaient là quarante contre un seul homme qui avait un bras blessé. Ils pouvaient se montrer braves.

Huit ou dix d’entre eux, vociférant et blasphémant, s’élancèrent entre le major et la porte.

L’œil de Francès jeta un éclair. Tout ce qu’il y avait en elle d’instincts jeunes et généreux se révolta énergiquement contre cette lâche attaque. Sans réfléchir, elle fit un mouvement pour s’élancer au secours de Percy Mortimer. Mais la malheureuse Fenella la retint et lui dit d’une voix éteinte :

— Oh ! Fanny !… oh !… mon pauvre cœur se déchire… oh !… hélas !… ah !…

Et ses yeux blancs tournaient lamentablement.

Francès fut obligée de la soutenir entre ses bras.