Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 1.djvu/11

Cette page a été validée par deux contributeurs.
3
LES MOLLY-MAGUIRES.

Autour de ce repas plus que frugal s’asseyait le vieux fermier avec ses huit fils et une belle jeune fille. Au bas bout de la table, il y avait une enfant, un serviteur et un homme en haillons qui dévorait.

La pièce était grande ; elle n’avait d’autres meubles que les sièges qui entouraient la table. Ces sièges étaient de deux sortes : de courts billots pour les fils et les serviteurs ; pour le vieillard et la jeune fille, des chaises de bois en forme de baquet[1]. À la gauche du vieillard, une troisième chaise pareille à la sienne demeurait vide.

À la muraille pendait une sorte de dressoir presque entièrement dégarni, et, au-dessus de la cheminée fumeuse, deux fusils rouillés croisaient leurs canons.

À droite de la table, qui n’occupait pas exactement le centre de le centre de la pièce, une corde tendue allait d’une muraille à l’autre.

Derrière cette corde une autre réunion prenait aussi son repas du soir.

C’était d’abord une vache d’assez belle venue

  1. Ces chaises, que l’on trouve partout en Irlande, dans les auberges et dans les fermes, figurent exactement un baquet auquel on aurait adapté un dossier, et dont la cavité serait bouchée par un siège en tresse de paille.