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PREMIÈRE PARTIE.

les excitaient à bien faire, et leur conseillaient de briser nombre de têtes papistes à l’occasion, afin d’être agréables au vrai Dieu et de gagner sûrement le ciel.

Les dragons ne disaient point non. Ils étaient bons princes, et s’échappaient même parfois jusqu’à formuler une malédiction militaire contre la canaille catholique du comté.

Le punch coulait à flots abondants. L’éloquence orangiste ne tarissait guère. Le bruit montait. Les joues prenaient de gais reflets de pourpre. Les yeux s’allumaient.

— Lord Montrath et Sullivan ! criait-on.

— Hourra pour Sullivan !

— Malédiction sur Derry, le misérable !

— Sullivan pour toujours !

— À bas le bill de Maynooth !

— À bas le bill des colléges !

Et mille autres choses.

Il régnait déjà dans le parloir une atmosphère d’orgie.

Mistress Fenella Daws, sortant enfin de sa rêverie, daigna donner son attention aux choses qui l’entouraient.

Elle crut convenable de manifester aussitôt une extrême frayeur.

— Monsieur, s’écria-t-elle, retirons-nous !