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PREMIÈRE PARTIE.

— Et je ne l’oublierai jamais, madame !

Fenella pinça les lèvres davantage.

— N’est-ce pas le fils de Mill’s Mac-Diarmid l’incendiaire ?… dit-elle.

Francès baissa les yeux et garda le silence.

Mistress Daws se prit à considérer curieusement sa nièce.

Un instant elle fut sur le point de croire… mais n’était-il pas invraisemblable qu’une miss comme il faut, la propre nièce de Fenella Daws, pût aimer un homme en carrick ?…

Un rustre, moins qu’un rustre, moins qu’un mendiant, un Irlandais !…

Joshua Daws et le pauvre Gib Roe continuaient d’échanger quelques paroles à de rares intervalles. Joshua donnait à Gib des instructions que celui-ci recevait avec un respect soumis.

Mais son attention n’égalait point, à beaucoup près, son respect. Sa prunelle errait, distraite, et jetait à chaque instant de furtifs regards vers la sombre façade de la maison abandonnée.

Le grave Joshua buvait comme un Anglais et mettait à cette occupation tant de conscience qu’il ne prenait point garde à la nombreuse compagnie qui se réunissait peu à peu dans le parloir.