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— Et que faites-vous dans ce pays perdu ?

— Je m’y marie, mes enfants.

Rogue et Salva éclatèrent de rire.

À mesure qu’il parlait, le faux pèlerin avait enlevé d’une main sa perruque blanche, de l’autre sa barbe vénérable ; il se montrait tout à coup sous l’aspect d’un jeune homme à l’air doux et fin, dont l’œil voilé avait de ces reflets dorés qu’on remarque dans la prunelle du tigre.

C’était bien là le propre visage de Piètre Gadoche. Les deux aventuriers, pris d’un respectueux enthousiasme, se découvrirent.

— Bien, mes enfants, bien ! dit Piètre qui remit d’un temps sa chevelure et sa barbe. On me connaît dans cette honnête maison… plus qu’on ne pense même, car j’ai favorisé ce pays-ci de ma présence déjà une fois, voilà cinq ans, et j’y ai laissé quelques légers souvenirs. C’est un climat qui me va, surtout l’été ; je m’y porte généralement bien, mais maintenant que voici