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qu’en plein jour. L’embuscade était massée à une trentaine de pas de la voie, sur la droite. On voyait briller les canons inclinés des mousquets ; il aurait été presque possible de distinguer les figures.

La grosse voix de Tontaine, le lieutenant, s’éleva dans le vaste silence qui naguère couvrait ces campagnes ; l’embuscade noire s’alluma comme un brasier qui pétille, et une retentissante explosion fit tonner les échos de la plaine.

— Volte à droite ! En avant !

Les trois chevaux bondirent par-dessus le bas talus, et leur pas s’étouffa sur l’herbe grasse de la prairie.

En vérité il n’était plus temps d’avoir de la mélancolie. Le vent désordonné de la course, la musique des balles, l’odeur de la poudre, en voilà plus qu’il ne faut pour remettre le cœur à sa place et réveiller la bonne humeur endormie. Raoul et ses deux compagnons étaient loin de leur testament : ils avaient chaud au cerveau comme après un dîner de fête.