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année 1718, par un pâle soleil d’hiver qui mettait des étincelles aux vitres glacées, la chambre basse de l’auberge du Lion-d’Or présentait un aspect inaccoutumé. Tous les meubles étaient dans le milieu de la salle, tandis que deux valets et une servante nettoyaient énergiquement les murailles. La grande Hélène, en déshabillé, brossait de sa propre main les moulures d’une belle armoire en vieux chêne, Mariole frottait les carreaux, et Nicaise, soupirant comme un bœuf, rendait plus brillants que de l’or les garnitures de cuivre des coffres et des bahuts.

C’était une pièce de large étendue qui n’avait ni plancher ni carreaux, mais dont le sol, battu avec un soin extrême, offrait à peu de chose près la consistance de notre asphalte moderne. Le plafond montrait de noirs soliveaux, ornés chacun d’une double ligne de demi-boules bien polies et taillées dans le bois même de la poutre. Dans les entre-deux profonds, l’œil le plus aigu n’eût pas découvert une seule toile d’araignée.