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— Allez-vous-en, reprit-elle. Je n’ai plus de pain à vous donner !

— Ma sœur ! murmura Mariole, ma bonne, ma bien-aimée sœur !

— Ah ! demoiselle ! dit le fatout, dont la pauvre bonne figure suppliait, si vous saviez !…

— Allez-vous-en ! allez-vous-en ! reprit Hélène avec exaltation. Je suis pauvre ; on abandonne les pauvres. Mon père avait raison ; les hommes sont méchants : tous les hommes ! Il n’y a que l’argent, et pour de l’argent on tue ! Je chasserai la tante Catherine, je chasserai les petits, je vous chasse !

Au lieu d’obéir, ils s’agenouillèrent tous deux, l’un à droite, l’autre à gauche. Hélène regarda Mariole, douce sous sa couronne fleurie qui faisait contraste avec son immense douleur ; elle ne fut point touchée. Elle regarda Nicaise, dont toute l’âme candide et dévouée était dans ses pauvres yeux ; elle garda sa colère.

— Je vous chasse, répéta-t-elle, je vous chasse. Sortez ! je vous dis de sortir !