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l’honneur de la courtiser à la moscovite. Les compagnons du czar, émerveillés, crurent un instant qu’il allait oublier Catherine, qui n’était pas encore sa femme, et ramener de France une impératrice écossaise. Elle assista, selon Pierquin, et aussi selon Duclos, de l’Académie française, qui la désigna sans la nommer, à l’un de ces festins barbares où Pierre le Grand buvait six bouteilles du vin du roi et quatre bouteilles de liqueurs, au dessert.

Mais le czar n’était pas homme à comprendre les fiertés d’une princesse du vieux monde chevaleresque. Peut-être aussi Mary de Rothsay eut-elle peur de cet ours mal peigné, cœur de lion, il est vrai, et tête d’aigle, mais que son respect de nos civilisations ne dépouillait pas de sa nature sauvage.

En 1718, lady Mary Stuart avait 25 ans. Elle atteignait aux perfections de cette idéale beauté qui fit à la cour du régent une sensation rapide mais profonde. Sa taille flexible et hardie sem-