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— Votre Majesté, dit Raoul, ne connaissait aucun des deux gentilshommes qui l’escortaient ?

— Leurs feutres tombaient sur leurs yeux et le bas de leurs visages était enfoui dans leurs manteaux… Raoul, mon ami, je ne suis pas comme vous tous qui avez prodigué votre cœur ; moi, j’ai encore mon cœur d’enfant et j’aimerais mieux mourir, entends-tu, Raoul, que de quitter ce pays d’exil qui est ma vraie patrie, tant que je m’y sens près de celle à qui ce cœur s’était donné.

Il s’arrêta. Comme Raoul gardait le silence, il essuya la sueur de son front et ses paupières se baissèrent, tandis qu’une pâleur soudaine envahissait de nouveau son visage.

— Monsieur le vicomte, reprit-il en changeant de ton et avec une dignité sévère, peut-être en avons-nous trop dit ? Nous ne permettrions pas même à un ami de porter sur notre conduite un jugement téméraire…

— Ah ! sire !… voulut s’écrier Raoul.