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abandonne : c’est encore et c’est surtout un devoir qu’il faut accomplir.

— Je reçus un jour, poursuivit Jacques Stuart avec une profonde mélancolie, et je dégainai d’une main ardente l’épée que me tendait le grand roi Louis XIV. Les diamants qui brillaient à la garde de cette royale épée m’éblouirent comme un rayon de soleil. Ce jour-là, j’étais prêt. Mon cœur battait la fièvre des batailles, et je me disais : Dieu est avec nous !… Mais Dieu n’était pas avec nous, Raoul, car il ne permit pas que mon pied touchât le rivage de l’Angleterre !

— Les voies de Dieu sont lentes, sire, et la Providence attend son heure.

— Que fais-je, sinon attendre la volonté de Dieu ?

— Celui qui ne s’aide pas… commença Raoul.

Verba et voces ! s’écria Jacques Stuart avec une impatience soudaine qui envoya un peu de sang à ses joues. Des mots, Raoul ! Rien que des