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une profonde foi en sa sagesse. Dans sa conscience, elle faisait tous ses efforts pour suivre ses leçons et s’applaudissait de bon cœur, chaque matin, des progrès accomplis dans la voie de l’égoïsme. Elle pensait bien arriver tôt ou tard à n’aimer plus personne qu’elle-même.

Pourtant le soir, après le travail, quand elle suivait, à l’aide d’une longue aiguille à tricoter, les lignes de grosses lettres qui montraient à lire aux petits, dans l’alphabet, commençant par la croix de Dieu, son cœur battait. Et le dimanche, quand, vêtue de sombre futaine, elle agrafait la blanche robe de Mariole, malgré les anathèmes du vieillard qui demandait si on voulait faire de la petiote une princesse, son cœur battait encore, et plus vite.

Écoutez ! elle avait réponse à tout. Elle s’occupait des enfants pour les faire travailler plus tard, comme des forçats, à son profit ! Elle habillait Mariole, parce que c’était sa poupette, et qu’il faut un jouet à tout âge.