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domesticité des princes déchus vieillit autour d’eux, gardant et creusant en quelque sorte le fossé qui sépare les bannis de la patrie.

Car la patrie marche sans cesse, emportée par le grand mouvement des siècles ; et il y a parfois quelque chose de fatal dans l’œuvre de ces vieillards qui font l’immobilité autour d’un illustre malheur, comme s’ils défendaient contre les chances d’un réveil heureux la couche de quelque Belle-au-Bois-Dormant.

À proprement parler, le vieux Drayton n’était pas de ceux-là. Fidèle comme l’or et brave comme le vieux sang highlandais qui coulait dans ses veines, il n’eût pas mieux demandé que d’entamer une lutte, même folle et impossible ; mais il connaissait son maître et il n’espérait point. Son découragement tournait de temps en temps au scepticisme à l’amertume.

— Soyez le bienvenu, milord vicomte, dit-il en saluant avec une grâce noble qui eût bien fait dans le royal salon de White-Hall. Arrivez-