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LA CAVALIÈRE

Et dans cette question il y avait une sourde colère.

Les regards des deux frères se choquèrent : deux paires de beaux yeux, en vérité, doux comme le velours qui est sous les paupières des jeunes filles. Mais terribles, en ce moment où je ne sais quel feu profond y brûlait !

Yves cependant baissa les yeux le premier,

— Mon frère ! ô mon frère ! supplia-t-il, jamais ne soyons ennemis !

René prenait son épée et son feutre. Il souriait et murmura :

— Serait-ce possible !

— Je vais avec toi, dit Yves avec une timidité d’enfant.

— Non, riposta René. Tu es blessé, tu me gênerais !

— Ne m’embrasses-tu pas avant de partir, mon frère ?

Les lèvres froides de René touchèrent le front d’Yves, et il sortit. L’instant d’après, le pas d’un