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LA CAVALIÈRE

— Non, demoiselle, promit Nicaise d’une voix altérée ; je ne vous interromprai plus.

— Où en étais-je ? Ah ! m’y voilà ! Je disais que je voulais me choisir un tout jeune mari, da ! et bien portant ! pourquoi ? Parce que je pense à part moi, toute seule : Eh ! ma fille, si tu prends un homme plus âgé que toi ou seulement de ton âge, méfiance ! Quand tu approcheras de la soixantaine, qu’est-ce que tu auras autour de toi à la maison ? Un vieux podagre qu’il faudra soigner le jour et la nuit… Vas-tu parler, Gribouille !

— Demoiselle, je me disais en dedans, pour pas vous interrompre, répliqua Nicaise humblement : V’là ce que c’est que d’avoir de la jugeotte et de l’esprit !

— Tu n’es pas si simple que tu en as l’air, garçon ! Tandis qu’au contraire, c’est moi qui entends être soignée, choyée, dorlotée.

— Bigre de bigre ! s’écria le fatout ; vous avez raison !