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LA CAVALIÈRE

rées qui cherchent à retenir la petite âme de l’enfant, prête à s’envoler au ciel.

— Quand je vais être mort, reprit Yves, tu seras seul à l’aimer.

— Tais-toi, tais-toi ! s’écria René, je te jure !…

Il n’acheva pas ! la main faible de son frère s’appuyait sur ses lèvres et lui fermait la bouche.

— Ne promets pas cela ! murmura-t-il, tandis qu’une larme, la première et la dernière, mouillait ses grands cils. Mentir à un mourant porte malheur. Il n’est pas en ton pouvoir de renoncer à elle. Frère, notre âme à deux, tu l’as maintenant tout entière ! Je te laisse l’héritage de mon cœur : Sois heureux, sois heureux ! Et tous les deux, priez pour moi !

Ces mots s’exhalèrent comme un souffle ; René sentit la tête de son frère plus lourde sur son sein. Il chercha les battements du cœur, mais le cœur d’Yves de Coëtlogon ne battait plus.