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LA CAVALIÈRE

l’autre. Il n’y avait plus moyen de ne pas entendre. Le bruit s’était rapproché ; des pas sonnaient dans l’ombre, de deux côtés différents.

— À nos postes ! s’écria René.

— Il n’est plus temps, répondit Yves.

Un coup de sifflet aigu monta du rivage.

Yves reprit à voix basse en montrant la brèche qu’il avait dépassée :

— L’ennemi vient de là. Ici c’est le roi qui gagne la valleuse d’Étreville. Défendons la brèche, frère. C’est encore un duel, et aux pieds de Dieu, notre mère pourra regarder celui-là ! Luttons à qui fera le mieux !

Ils s’élancèrent de front et la carabine à la main au-devant de la brèche.

Derrière eux, des pas précipités frappaient le sol et une voix vibrante s’écria : tandis qu’une troupe passait au galop :

— En avant, messieurs ! le roi pour toujours !

— C’est elle ! murmura René. Mourir loin d’elle !