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LA CAVALIÈRE

l’un de l’autre, René tendit sa main. Yves la prit.

Leurs mains étaient glacées, et chacun, chose bizarre, sentit la main de l’autre plus froide que la sienne.

— J’ai menti, mon frère, reprit René qui baissa les yeux. Je te cherchais malgré moi.

— C’est comme moi, murmura Yves qui regarda la terre, malgré moi je te cherchais, j’ai menti.

Il y eut un long silence. La campagne se taisait. La mer envoyait un large et paisible murmure.

— Mon frère, dit René, je te jure devant Dieu que je t’aime comme autrefois.

Il avait des larmes dans les yeux.

— Je t’aime mieux qu’autrefois, repartit Yves.

Ils se regardèrent, puis ils s’embrassèrent. Leurs bouches étaient froides comme leurs mains.