Page:Féval - La Cavalière, 1881.djvu/245

Cette page a été validée par deux contributeurs.

242
LA CAVALIÈRE

bras d’un mouvement si éloquent que l’inconnu baissa son pistolet, disant :

— À la bonne heure ! mais faisons vite !

À ce moment même Hélène bondit et le saisit à bras le corps avec une violence si soudaine et si terrible qu’ils roulèrent tous deux sur le plancher.

— Trois fois ! rugit-elle. C’est moi qui vais tuer une femme, effrontée donzelle ! car tu es une femme ! Penses-tu donc qu’on en passe à la fille de mon père ! Ah ! ah ! ma vie ne pèse pas le poids d’un grain de poussière ! Combien pèse la tienne, ma princesse ? hé ! dis-le ! Ne résiste pas, sais-tu, ou je t’étrangle ! Lâche cet outil-là !

Elle parlait avec une volubilité folle. La lutte l’exaspérait, car l’autre femme (c’était bien une femme) luttait encore, quoique terrassée. Hélène, beaucoup plus forte et mieux exercée aux rudes besognes, lui broyait les poignets. L’autre, silencieuse et sombre, tenait le pistolet comme