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LA CAVALIÈRE

profond la saisit, elle n’eût point su expliquer pourquoi. N’avait-elle pas en effet toujours cette femme excellente qui lui avait servi de mère ? Aucun de ceux qu’elle était habituée à voir ne manquait. Le Lion-d’Or tout entier avait déménagé en caravane. Derrière le mur de la pièce voisine, les petits jouaient et la tante Catherine grondait.

Elle regarda ces meubles étrangers, ce lit aux rideaux de serge sombre, ce miroir pendu à la froide muraille, et elle alla vers sa ruelle où était un crucifix. Elle s’agenouilla ; elle pria. Elle ne pria pas longtemps parce que, aujourd’hui, la prière ne la reposait point. Elle s’étonna de cette sécheresse ou de ce malheur et se relevant, elle dit sa peine au Sauveur dont elle baisa les pieds longuement.

Elle prit son ouvrage, une collerette qu’elle brodait pour Hélène ; elle s’assit auprès de sa fenêtre ; mais, au lieu de broder, elle songea. Ses yeux suivaient la ligne des peupliers, si hauts