DISTRIBUTION DE LA PIÈCE.
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ACTE I.
L’Auberge du Cheval-Blanc
Une auberge enfumée en Lorraine, style campagnard et sombre. Trois portes, fenêtre praticable. Un lit avec bahut au devant.
SCÈNE PREMIÈRE.
BONAVENTURE, MINON.
BONAVENTURE, dans la coulisse. C’est bon, j’y vais à mon ouvrage, la bourgeoise. (Il entre.) Elle m’a dit d’être gai… Chacun est gai à sa manière, quoi donc ! Moi, quand je suis de bonne humeur, j’ai envie de pleurer. (Il s’essuie les yeux.)
MINON, bouclant ses cheveux devant un miroir. On va danser… quel bonheur !
BONAVENTURE, tristement. Ah ! oui… c’est ce que je me dis… quel bonheur !
MINON. Ma sœur Rosalie sera bien heureuse avec François Picot.
BONAVENTURE, avec chaleur. Si celle-là n’était pas heureuse…
MINON, prenant son ouvrage. François Picot est un bon garçon.
BONAVENTURE. N’y a pas dans le monde d’assez bon garçon pour mademoiselle Rosalie !
MINON. Puisqu’elle l’a choisi pour mari, c’est qu’elle l’aime.
BONAVENTURE, tristement. Ah ! oui… Faut qu’elle l’aime pour l’avoir choisi…
MINON. Avec ça que l’auberge du Cheval-Blanc ne peut pas aller sans un homme, n’est-ce pas ?… Le père Valentin ne quitte plus son lit… ma sœur Rosalie a besoin de quelqu’un pour imposer aux pratiques… maintenant surtout qu’il vient tant de gens de mauvaise mine, à cause du prisonnier d’État qui est au château.
BONAVENTURE, soupirant. Ah ! oui !… lui faut un homme, à c’te femme !
MINON. Et comme ça va être gentil, les fiançailles !… En as-tu vu déjà, des fiançailles, toi, Bonaventure ?… À minuit… un beau réveillon… la danse qui dure jusqu’au jour… Ah ! c’est bien agréable de se marier !
BONAVENTURE, soupirant. Ah ! oui… (À part.) Avec mademoiselle Rosalie surtout… (Haut.) Tenez, mademoiselle Minon, si ce François Picot n’était pas un bon mari !… car c’est un ange, voyez-vous, qu’il aura pour femme.