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LA BOURGEOISE
OU
LES CINQ AUBERGES
DRAME EN CINQ ACTES
(1718)
PAR M. PAUL FÉVAL
Représenté pour la première fois à Paris, sur le théâtre de l’Ambigu-Comique, le 6 décembre 1854.

DISTRIBUTION DE LA PIÈCE.

STANISLAS LECKZINSKI, fils du roi de Pologne, jeune premier rôle 
 MM. Ch. Lemaître
CHEVALIER ANDRÉ DE RIEUX, jeune 1er rôle 
 Maurice Coste
BONAVENTURE, garçon d’auberge, jeune premier rôle 
 Laurent
CHAMPAGNE, aigrefin élégant, troisième rôle 
 Deloris
CORNIL VAN ZUYP, Hollandais, troisième rôle 
 Deprelle
ROBIN, aventurier du bas étage 
 Machanette
MOREL, idem 
 Sandre
FRANÇOIS PICOT, paysan 
 Riché
LE BAILLY DE QUILLEBŒUF 
 Hoster
JOLIBOIS, postillon 
 Lavergne
BOUTE-EN-TRAIN, postillon 
 Mercier
UN AUBERGISTE 
 Martin
ROSALIE VALENTIN, la Bourgeoise, grand 1er rôle 
 Mmes Marie-Laurent
L’ÉPOUSE VAN ZUYP, née comtesse Pfafferlhoffen 
 Jeanne Anaïs
MINON, sœur adoptive de Rosalie, ingénue 
 Maria Rey
THÉRÈSE 
 Nova
Garçons d’auberge, Matelots, Postillons, Maréchaussée 

Vu les traités internationaux relatifs à la propriété littéraire, on ne peut représenter, réimprimer ni traduire cette pièce à l'étranger, sans l’autorisation des Auteur et Éditeur.

ACTE I.

L’Auberge du Cheval-Blanc
Une auberge enfumée en Lorraine, style campagnard et sombre. Trois portes, fenêtre praticable. Un lit avec bahut au devant.


SCÈNE PREMIÈRE.

BONAVENTURE, MINON.

BONAVENTURE, dans la coulisse. C’est bon, j’y vais à mon ouvrage, la bourgeoise. (Il entre.) Elle m’a dit d’être gai… Chacun est gai à sa manière, quoi donc ! Moi, quand je suis de bonne humeur, j’ai envie de pleurer. (Il s’essuie les yeux.)

MINON, bouclant ses cheveux devant un miroir. On va danser… quel bonheur !

BONAVENTURE, tristement. Ah ! oui… c’est ce que je me dis… quel bonheur !

MINON. Ma sœur Rosalie sera bien heureuse avec François Picot.

BONAVENTURE, avec chaleur. Si celle-là n’était pas heureuse…

MINON, prenant son ouvrage. François Picot est un bon garçon.

BONAVENTURE. N’y a pas dans le monde d’assez bon garçon pour mademoiselle Rosalie !

MINON. Puisqu’elle l’a choisi pour mari, c’est qu’elle l’aime.

BONAVENTURE, tristement. Ah ! oui… Faut qu’elle l’aime pour l’avoir choisi…

MINON. Avec ça que l’auberge du Cheval-Blanc ne peut pas aller sans un homme, n’est-ce pas ?… Le père Valentin ne quitte plus son lit… ma sœur Rosalie a besoin de quelqu’un pour imposer aux pratiques… maintenant surtout qu’il vient tant de gens de mauvaise mine, à cause du prisonnier d’État qui est au château.

BONAVENTURE, soupirant. Ah ! oui !… lui faut un homme, à c’te femme !

MINON. Et comme ça va être gentil, les fiançailles !… En as-tu vu déjà, des fiançailles, toi, Bonaventure ?… À minuit… un beau réveillon… la danse qui dure jusqu’au jour… Ah ! c’est bien agréable de se marier !

BONAVENTURE, soupirant. Ah ! oui… (À part.) Avec mademoiselle Rosalie surtout… (Haut.) Tenez, mademoiselle Minon, si ce François Picot n’était pas un bon mari !… car c’est un ange, voyez-vous, qu’il aura pour femme.