Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome I.djvu/87

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
85
LA BANDE CADET

il commença un tour de valse. Il ne se possédait plus ; il avait l’ivresse des gens qui ont gagné le gros lot.

Mais tout d’un coup il s’arrêta, et ses jarrets flageolèrent comme s’il eût reçu un coup de massue au sommet du crâne.

— Tiens, tiens, tiens, tiens, avait dit derrière lui une toute petite voix cassée, voici mon camarade Cadet l’Amour !

Le marquis ne se retourna même pas ; il n’avait pas besoin de voir pour savoir.

Sur le pas de la seconde porte, celle par où Angèle et Tupinier lui-même étaient successivement entrés, une créature étrange se tenait debout, appuyée des deux mains aux chambranles. C’était un vieil homme qui semblait avoir dépassé les limites les plus fantastiques de l’âge. Il était tout ridé comme une pomme sèche, tout racorni, parcheminé plus qu’une momie, et si maigre que ses os semblaient près de percer sa douillette. Avec cela, il vous avait un air vénérablement gouailleur, qui annonçait un excellent caractère.

— Entrez, Samuel, mon cher docteur, dit-il en parlant à une seconde personne qu’on ne voyait point