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LA BANDE CADET

Elle était forte, en effet. Ce fut une vraie bataille où le marquis dut employer toute sa remarquable vigueur et toute son adresse de bandit. Plusieurs fois, il frappa sans pitié ni ménagement. Une des mains d’Angèle, que le hasard de la lutte avait dégagée, saigna. La bête féroce l’avait mordue.

Enfin, elle resta immobile et vaincue, les deux mains liées, la bouche étouffée par la cravate solidement nouée de Tupinier.

— Maintenant, dit-il, en poussant les verrous de la porte principale, tu seras sage comme une image, et nous allons chercher de quoi faire un duc.

Ce ne fut pas long ; après avoir constaté le vide de la malle et fureté un peu partout, le marquis découvrit les profils de la cassette sous les couvertures ; il s’en empara aussitôt et l’ouvrit.

Une véritable fringale de joie le saisit à la vue des deux actes.

— Victoire ! s’écria-t-il, le talent est enfin récompensé !

Il entoura la cassette de ses bras amoureusement arrondis. Entre l’homme mort et la femme garrottée,