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LA BANDE CADET

Elle traversa le salon en chancelant ; elle n’avait ni compris ni même entendu. Elle vint tomber au pied du lit, disant avec effort, d’une voix qui faisait pitié :

— Ils m’ont volé mon fils ! Votre fils, William ! C’est cet homme, ce monstre, c’est le marquis !

À son tour, M. de Clare n’avait ni entendu, ni compris, sans doute, car son visage ne donna aucun signe d’émotion, et il répliqua :

— Je ne croyais pas qu’on pût te voir plus belle. Tu as bien fait de dénouer tes cheveux. Approche et donne-moi un baiser, tu me le dois, tu es ma femme !

— Mon fils, je vous dis que mon fils est perdu ! s’écria la duchesse, en tendant vers lui ses bras. Il vaut de l’or, ce sont les propres paroles de cet homme. Je l’avais caché, vous dites que je ne l’aime pas… Regardez-moi et voyez ce que je souffre !…

— Belle ! belle ! jamais tu n’as été si belle ! C’est dans tes bras que je veux mourir !

Disant cela, le duc fit un effort pour sortir de son lit.

Elle s’élança pour le retenir, et il l’entoura de ses bras, qui grelottaient la terrible fièvre de la dernière heure.