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LA BANDE CADET

prostration, sous laquelle nous l’avons vu accablé naguère.

— Merci, dit-il au vieux Morand, je sais que je puis compter sur vous, mon cousin. Le colonel Bozzo connaît mes dernières volontés et la mission que je lui confie. Il fera quelque chose pour vous ; je veux que vous et votre fille vous viviez désormais dans l’aisance… À boire, s’il vous plaît !

Mais avant même que Morand eût obéi, sa pensée tourna, et il dit :

— Non, à quoi bon ? J’ai fait tout ce que je voulais faire. À quoi me servirait désormais d’être fort ?

Il avait pris la cassette sur la table de nuit.

— Mon cousin Stuart, fit-il tout à coup, regardez-moi bien et parlez franc : ai-je l’air d’un homme qui va mourir ?

Le bonhomme hésita un instant, puis répondit :

— Quand le médecin est venu, je vous croyais mort ; mais sa potion a fait un miracle. Si vous vouliez suivre son ordonnance et prendre une cuillerée tous les quarts d’heure, qui sait ce qui arriverait ?

— Ce n’est pas sa potion, c’est le vin ! s’écria le duc ; tu n’es qu’un vieux fou, tais-toi !