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LA BANDE CADET

une odeur d’eau-de-vie et de pipe empesta l’intérieur du coupé qui avait amené Mme la duchesse. Le marquis portait partout ces parfums avec lui. Le cheval allongeait déjà en remontant la rue Saint-Antoine pour gagner le boulevard. On avait dit au cocher :

— Au cimetière Montmartre !

Angèle était pelotonnée dans l’angle de la voiture et se taisait, mais le marquis causait pour deux.

— D’avoir mis, disait-il, le petit duc en apprentissage chez le marbrier pendant que tu gardais l’autre avec toi, je ne t’en blâme pas, c’est un bon état et les mamans ont comme ça des préférences, mais pourquoi n’as-tu pas amené franchement le fils d’Abel à M. de Clare en lui disant : « Voilà le duc », il n’y aurait vu que du feu. Moi, je croyais que c’était là ton idée.

Elle laissa tomber sa tête entre ses mains.

— Je m’attendais à ça, vrai, reprit le marquis, et je n’aurais rien dit ; pourvu que j’aie ma part, ce n’est pas moi qui te gênerai ! C’était indiqué par la situation, puisque M. de Clare ne connaît ni l’un ni l’autre…

Un sanglot souleva la poitrine de la duchesse An-