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LA BANDE CADET

l’aime, car il a tout ce que l’autre n’a pas : un grand nom, une grande fortune ; il sera heureux en cette vie, et glorieux, si son père ne l’abandonne pas en mourant comme mon mari vivant m’a rejetée loin de lui. J’étais coupable, moi, à tout le moins de mon silence ; Monsieur le duc, votre fils est innocent.

Elle ne voyait plus le visage du malade, tourné maintenant vers la ruelle du lit. Comme il ne répliquait point, elle poursuivit :

— Je ne demande rien pour moi, je n’accepterais rien pour l’autre. Je viens réclamer pour votre fils son titre et sa fortune. Si vous ne m’avez pas bassement abusée, je suis votre femme légitime. Je viens chercher mon acte de mariage, dressé selon la coutume écossaise, et l’acte de naissance de votre enfant : les avez-vous ?

— Je les ai, répondit le malade.

— Donnez-les-moi.

Cette fois, M. de Clare garda le silence.

— Donnez-les-moi, répéta Angèle, si vous ne voulez pas que l’enfant soit comme la mère, sans ressources et sans nom !

Un spasme secoua le corps du malade qui appela faiblement :