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LA BANDE CADET

croyais abandonnée. Et je ne peux pas vous dire quelle reconnaissance je gardais à mon parrain, à mon tuteur, à l’homme enfin qui me tenait lieu de père, pour sa mansuétude et sa tendre indulgence. Cela me donna confiance en lui. Il me dit : « Ta réhabilitation est désormais l’affaire de ma vie. Si tu suis exactement mes conseils, ton passé est mort, je te mettrai à même de faire le bonheur d’un honnête homme, et ton fils sera heureux. »

Ah ! je ne m’en défends pas, ce grand, ce fougueux amour que je lisais dans vos yeux m’attira comme un charme. Je fus entraînée vers vous par la violence même de votre passion. Et puis, pourquoi ne pas le dire : j’eus envie d’être princesse. Le brillant de votre existence me séduisit irrésistiblement…

Et un soir que le marquis rentra ivre, je fus obligée de me protéger moi-même… Sa maison, dès lors, me fit horreur, et je vis dans la vôtre un refuge.

Aussitôt, cependant, que le marquis se fut dévoilé à moi, je cessai de croire à ses conseils, et le besoin me prit de vous ouvrir mon cœur ; mais il avait tendu autour de vous ses filets comme autour de moi ; il vous avait fait peur de tout retard, de toute explication. Et moi aussi, j’avais peur maintenant,