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LA BANDE CADET

lais M. le marquis de Tupinier mon parrain parce que je suis, en effet, sa filleule. Il vous a dit peut-être qu’il était mon père…

— Il me l’a dit, affirma le malade.

— Je devine dans quel but. Vous lui avez compté des sommes importantes…

— Passez ! cet homme est un misérable.

— Bien plus misérable encore que vous ne pouvez le croire. Ce fut chez lui qu’on me conduisit quand je sortis de pension, où j’avais appris la mort de mon père et de ma mère ; je venais d’atteindre ma dixième année ; depuis lors, je n’ai pas connu d’autre famille que lui. Ce fut Abel qui me sauva de ses premières tentatives, et, sans le marquis, je serais la femme d’Abel…

— Et heureuse, interrompit le duc avec une ironique amertume.

— Peut-être… Le marquis détestait deux fois Abel, qui était pauvre et bon, — et brave. Abel lui faisait peur, et on ne pouvait rien tirer de lui. Vous, il vous haïssait aussi, mais vous étiez riche, et sa cupidité vous choisit.

Vous savez de quelle race nous sommes. Le marquis était entré dans le monde par la bonne porte,