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LA BANDE CADET

tire, dit-on, nous autres femmes ; vous étiez noble presque autant qu’un roi, et riche à réaliser les souhaits des contes de fées. Quand notre mauvais sort nous plaça en face l’un de l’autre, quel accueil reçûtes-vous !

M. de Clare garda le silence.

— Avez-vous oublié, continua Angèle, que bien des fois, ah ! plus de cent fois, je vous ai dit : il y a un secret qui me sépare de vous !…

— Je croyais que c’était un prétexte, balbutia le duc, j’avais si grande terreur de n’être pas aimé !

— Vous étiez aimé, William, comment pourrai-je vous dire cela ? aimé d’une autre tendresse, mais plus vivement peut-être qu’Abel. J’étais bien enfant : avais-je seize ans révolus ? Vous m’apparaissiez comme un soleil ; mais à travers vos rayons, je voyais au moins des taches. Toutes les curiosités de mon âge et toutes les frayeurs aussi étaient éveillées par vous en moi. Cependant, et c’est ici qu’il faut m’écouter, je n’aurais jamais consenti à devenir votre femme sans les conseils du marquis…

— Votre père, dit M. de Clare avec une nuance de mépris.

— Oh !… fit Angèle en se redressant de son haut.