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LA BANDE CADET

— Comment, s’écria le jeune homme au comble de la surprise, tu m’avais reconnu ?

— Veux-tu bien te taire !… Et ne nous tutoyons plus, s’il vous plaît. Dès la première fois que je vous ai vu, M. le prince, malgré votre cicatrice et le reste, je me suis dit : Voilà un brigand que j’ai déjà rencontré quelque part. Les fenêtres du petit salon donnent juste en face des rideaux verts, et le bon M. Buin me parlait de vous tant que je voulais. J’avais ma lorgnette de théâtre, elle est excellente et je me cachais derrière les persiennes à demi fermées… et ce pauvre cher bras qui m’a tant fait pleurer autrefois, comment ne l’aurais-je pas reconnu ?

— Bonne ! bonne ! Clotilde ! interrompit le prince, je t’en prie, embrasse-moi !

Mlle Clotilde fut inflexible et refusa le baiser imploré.

— La paix ! dit-elle en riant, il n’est plus temps… Ce n’est pas que j’espère beaucoup les tromper, ni surtout longtemps, mais on n’a pas besoin de six semaines pour prendre la clef des champs. Votre Altesse en sait quelque chose. Jouons serré, s’il vous plaît. Je vous donne ma parole d’honneur qu’ils sont là,