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LA BANDE CADET

plaintes diffuses et subtiles qui sont comme la voix des admirations.

C’est la parole muette, le grand cri supprimé de la passion.

On l’entend comme une houle immense, mais discrète, qui vous enveloppe et vous submerge sans qu’aucun bruit distinct raye l’atmosphère qui se tait, mais qui gronde, imprégnée d’indéfinissables échos.

C’était ainsi dans le salon de Jaffret, qui tressaillait du haut en bas, mystérieusement touché dans toutes ses cordes invisibles par le frôlement de l’archet d’or. Il y avait un souffle de religieux émoi qui gonflait toutes les poitrines. Je ne sais pas ce qu’Orphée disait aux pierres, on prétend qu’il leur parlait d’amour, mais c’est bon pour les pierres ; je sais qu’aux hommes et aux femmes la voix authentique de maître Souëf, chantant le cantique des millions, donne toujours un frémissement voluptueux.

Et pour les autres choses qui sont entraînantes aussi, et belles à leur manière, l’amour déjà cité, l’honneur, la religion, il faut les séductions de la forme.