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LA BANDE CADET

nous avions dissimulé votre nom et caché votre vie. Vous voyez que j’abrège. Et si nous nous sommes déterminés enfin à lever le voile, à l’occasion de ce mariage qui relie la famille en un seul faisceau, et qui vous donne un vaillant protecteur, c’est que le procès et la condamnation de ce misérable, l’assassin des demoiselles Fitz-Roy…

— Et son évasion ?… interrompit Clotilde.

— Un grand malheur ! repartit la comtesse avec un mouvement de dépit aussitôt réprimé, mais qui ne se pouvait prévoir hier. D’ailleurs, le réveil de la justice n’en est pas moins un fait acquis, et nous n’avions pas besoin de cette fuite pour connaître la puissance de nos ennemis. Vous serez bien gardée, chère fille, n’ayez aucune crainte…

Elle s’interrompit pour ajouter à haute voix :

— Monsieur Souëf, nous sommes tout à vous.

Et pendant que le notaire satisfait déroulait son cahier :

— Avez-vous bien compris, Clotilde ?

— Oui, ma cousine, répondit la jeune fille, et je vous remercie.

Maître Isid. Souëf s’éclaircit la gorge par un hem ! hem ! sonore, et commença aussitôt de cette voix,