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LA BANDE CADET

à votre égard en présence des accidents si nombreux et si cruels qui répandaient le deuil dans la maison de Clare… Vous doutez-vous seulement des pertes qui frappèrent votre famille, chère enfant bien-aimée ? Le duc de Clare (pair de France) fut assassiné, le général aussi, et aussi la duchesse, sa femme, et aussi la princesse d’Eppstein, sa fille, — et encore notre tante la religieuse : je vous parle de longtemps ; mais plus récemment, mon mari, et le prince de Souzay qui était duc de Clare depuis un mois à peine, et le pauvre Morand lui-même, et ces deux saintes filles, les demoiselles Fitz-Roy, chez qui vous alliez jouer dans votre enfance, chez qui vous étiez, m’a-t-on dit, le jour même de la catastrophe…

Clotilde avait pâli.

L’écrin qui contenait les magnifiques boucles d’oreilles en diamants tremblait dans sa main.

— Oui, murmura-t-elle, j’étais là ! Je m’en souviendrai toute ma vie.

— En présence de cette épidémie de meurtres, continua Marguerite, en baissant la voix, de ce massacre plutôt, contre lequel la justice n’a jamais rien pu, ni pour prévenir le crime ni pour le venger,