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LA BANDE CADET

assurément dans le monde des positions distinguées, entourait M. le comte de Comayrol, expliquant l’absence forcée de M. Buin et racontant avec détails l’audacieuse évasion qui avait eu lieu ce soir même.

Maître Souëf, assis tout seul auprès de la table où le contrat attendait depuis si longtemps, consultait de deux en deux minutes une superbe montre qu’il portait les jours d’accordailles pour encourager les cadeaux, et manifestait avec gravité l’excès de son mécontentement.

Adèle vint droit à lui et lui dit avec un peu de sécheresse :

— Les causes du retard me sont connues, mon cher monsieur, ne vous impatientez pas.

Maître Souëf rougit comme un homme qui se nourrit de décorum et qu’on prend en flagrant délit d’inconvenance.

— Ce n’est pas pour moi, balbutia-t-il, mais je me mettais à la place de la famille…

Adèle avait déjà fait un crochet pour aborder le groupe dont M. de Comayrol était le centre.

— Ce pauvre cher Buin ! dit-elle, un si brave homme ! Et toujours à son poste ! Figurez-vous qu’il