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LA BANDE CADET

Il n’y avait là-dedans que le maître du logis, le pauvre bon Jaffret des petits oiseaux, pour avoir l’air d’un intrus.

Les autres faisaient bien. Tout le monde connaît la belle tenue du notaire, pris en général ; il est meuble meublant au sein des chaumières comme dans les palais, même quand l’âge ou quelque joli trait de dévouement n’a pas encore fait fleurir à sa boutonnière la rose de l’honneur.

Or, maître Souëf (Isid.) était décoré abondamment. On eût taillé un nœud de cravate dans l’ampleur de son ruban rouge. De plus il possédait une physionomie qui mariait avec un rare bonheur l’innocence de l’enfant de chœur à la mystérieuse majesté qu’on prête aux pontifes de la religion druidique. Ses cheveux blancs auraient honoré Charlemagne dont la tombe se voit à Aix-la-Chapelle, son linge éblouissait jusqu’à la fascination ; bref, tout en lui (même le coton qu’il avait dans les oreilles) imposait à la fois l’amour et le respect.

Or, remarquez que de tels notaires ne sont pas rares. Parmi nos confrères il en est qui ont insulté parfois le notariat. Je les désavoue du haut du culte attendri que j’ai voué à ces fonctions lucratives dont