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LA BANDE CADET

jusqu’à la fièvre mon désir de connaître à la fin le grand mot de cette étrange énigme. Je n’ai à ma disposition, pour communiquer avec le public, que la forme du roman qui, par elle-même, excite la défiance. Assurément, les personnes, dites sérieuses, ne doivent aucune espèce d’égards aux romans ; mais il y a des personnes qui sont intelligentes avant même d’être sérieuses, et j’ai trouvé parmi celles-là des encouragements inattendus.

Mais première affirmation (elle date de loin) relative aux docteurs-ès-crimes, tenant boutique de moyens propres à fausser les instructions et à produire l’erreur judiciaire, avait été provoquée par des renseignements pris au palais même et à la préfecture de police. Beaucoup l’ont dédaignée et même raillée, mais un récent procès a prouvé qu’il ne fallait pas trop hausser les épaules à la pensée qu’un ensemble de présomptions arrivant à la plus complète vraisemblance peut être fabriqué de toutes pièces comme on imite une signature ou comme on falsifie un bilan.

Le hasard a eu bon dos jusqu’ici, et je ne nie pas que ses jeux suffisent souvent à égarer notre pauvre judiciaire humaine ; mais il faut faire aussi la part du