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LA BANDE CADET

gnols pour les entraîner vers l’Eldorado inconnu, ce que les bardes du Nord, bien longtemps auparavant, avaient chanté aux blonds guerriers qui ravirent la moitié de la France et toute l’Angleterre, et, auparavant encore, ce que les chefs barbares criaient aux hordes de l’Orient, précipitées sur l’ancien monde, ce poème éternel, ce cantique, auquel nul ne résiste : l’hymne de l’or, du vin et de la volupté.

Connaissait-il donc Paris, ce sauvage bandit de l’Apennin ?

Mais, Attila connaissait-il l’Europe ?

Non, ils devinent, ils partent, ils arrivent comme l’eau des montagnes devine l’Océan immense et s’y précipite, le long des fleuves, s’il y a place, sinon, par-dessus les choses et par-dessus les hommes.

Le sauvage, du haut de sa ruse, avait deviné les mystères de la civilisation et ses excès ; il leur dit, à ces grossiers croisés qui écoutaient, l’œil et le cœur en feu, sa prédication endiablée, il leur dit les merveilles de cette mine d’or, la plus riche de l’univers entier, les prestiges de cette féerie, les débauches de ce mauvais lieu ; Paris, le faîte de la gloire et le fond de la honte !