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LA BANDE CADET

dait toujours en souriant, nous prenons bien les choses, et nous avons raison, car nous ne sommes pas les plus forts : cette égalité qui vous gêne, vous qui êtes douze, fera plaisir aux autres qui sont quatre cents… Voulez-vous un moyen de sortir de là ?

Il s’était redressé d’un brusque mouvement, et toute sa personne avait soudain changé d’aspect. Son œil fixe et profond pesa comme une fascination sur ceux qui l’entouraient pendant qu’il reprenait de nouveau :

— Vous ne me connaissez pas encore. Tant pis pour ceux qui auront défiance de moi ! Voulez-vous ma part, je vous la donne : non pas pour que chacun des soldats dont je suis le général, des enfants dont je suis le père, ait 20,000 francs au lieu de 10 ou même 30,000 francs, ou même le double. Ce n’est pas la fortune, cela, et je veux que vous soyez riches, riches comme il faut l’être pour avoir à profusion et à toujours tous les biens de la vie. Vous entendez ? nous parlons à bouche et à cœur ouverts ; assez riches pour commander aux hommes et pour choisir entre les femmes, assez pour jeter l’or à toutes les passions, assez pour que les prodi-