Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome I.djvu/27

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
25
LA BANDE CADET

de Paris. Si quelque moniteur secourable eût entr’ouvert chaque porte et glissé la nouvelle du mystérieux événement : la visite nocturne, faite par quelques vivants à la maison morte, ni le froid ni la pluie n’auraient empêché tous les seuils de se peupler comme en un jour de révolution. Du fond des allées obscures, une fourmilière humaine eût jailli à bas bruit, singulière foule qui sent le moisi et le renfermé, cohue bavarde, mais timide qui met une sourdine à ses clameurs et ne semble pas chez soi au grand air.

J’ai vu cela parfois quand le canon parle dans Paris pour une fête ou pour une bataille, quand l’heure est annoncée où l’on aperçoit la queue de la comète, quand le premier vent d’une « affaire Tropmann » éveille des frémissements terribles et joyeux dans ces profondeurs où le Petit Journal lui-même est trop cher… Aucun quartier n’est si abondamment habité que ce Marais désert. J’ai vu toutes les fenêtres de tous les étages s’entr’ouvrir à la fois, montrant des collections non décrites, des choses, des hommes, des femmes si absolument invraisemblables que le Tour du Monde n’oserait en donner la gravure.