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LA BANDE CADET

en chemin. Où en étais-je ? Pour fonder son peuple, le colonel prit la vieille méthode et il fit bien : il s’entoura de mystères et de fables, dans lesquels il y avait du vrai pourtant, car j’ai pénétré (il y a longtemps !) dans les caves du couvent de la Merci que l’association possédait en Corse, au pays de Sartène, et j’ai vu là un monceau de richesses qui eût acheté un royaume.

— Et où sont-elles passées, ces richesses ? demanda M. Noël dont l’émotion altérait la voix.

Adèle haussa les épaules :

— Où sont les diamants, les rubis, l’or, les billets, les bank-notes, les titres qui emplissaient la cachette de la rue Thérèse[1] ? Je continue et je te parle franc, car nous n’avons plus besoin de mystère, nous, pour vous tenir : il y a au-dessus de nous tous un mystère qui plane malgré nous, un prestige : le TRÉSOR du colonel Bozzo. Ça suffit. Nous gardons les anciens mots de passe « fera-t-il jour demain » et le reste, mais le Scapulaire que ce vieux démon a fait luire aux yeux de votre superstition pendant un si grand nombre d’années, le fameux Scapulaire de la

  1. Les Compagnons du Trésor