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LA BANDE CADET

cœur, un courage de lion dans une main sans armes, et la colossale église du crime ébranlée par le prodigieux effort d’une seule vertu !

On avait dit — vaguement — que le docteur Abel était l’ami, peut-être même le serviteur de ce jeune magistrat, M. Remy d’Arx, qui avait perdu la vie et presque l’honneur pour avoir essayé de mettre les Habits-Noirs sous la main de la justice.

Mais ils étaient rares déjà ceux qui auraient pu rappeler les détails de cette lugubre histoire[1] où un homme de large intelligence et de superbe volonté était mort à la peine, misérablement écrasé sous le poids de nos prétendues sagesses administratives, — mort accusé de folie par des aveugles et des sourds, tandis que le crime savant, sauvegardé par l’imbécillité brevetée, continuait en paix son terrible commerce.

En haut comme en bas de l’échelle judiciaire et policière, on avait répondu à Remy d’Arx : « Les Habits-Noirs n’existent pas ! »

Et si après la mort de ce martyr de la routine quelques-uns étaient tombés parmi les chefs de la

  1. L’arme invisible, 4e série des Habits-Noirs.