Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome I.djvu/213

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
211
LA BANDE CADET

certain mystère parce qu’une large portion de sa vie appartenait à une œuvre dont nul n’avait le secret.

Beaucoup, dans son innombrable clientèle, faite de grands seigneurs et d’indigents, auraient souri si quelqu’un eût parlé ainsi en leur présence du docteur Abel Lenoir.

On passe souvent sans les voir à côté des choses et des hommes héroïques, parce que ces choses ont la modestie de la grandeur, et parce que ces hommes gardent le silence tout naturellement.

Ce sont les petits actes qui font d’énormes tapages, et quand vous entendez une voix criarde aspergeant de ses hâbleries l’univers émerveillé, abaissez vos regards et cherchez bien, vous découvrirez un petit homme qui hurle par le soupirail de sa cave.

Quelques-uns se souvenaient de bruits étranges qui avaient couru autrefois sur le docteur Lenoir : un drame plein de terreur, une lutte violente menée avec des vaillances chevaleresques contre une association de malfaiteurs d’autant plus redoutable que les gens dont le métier est d’être sages niaient jusqu’à son existence. Un grand amour dans un doux