Page:Féval - La Bande Cadet, 1875, Tome I.djvu/212

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
210
LA BANDE CADET

des fils d’argent assez nombreux vinssent à se montrer depuis du temps déjà dans les masses bouclées de sa chevelure.

On avait dit de lui, dans sa jeunesse, qu’il ressemblait à un héros de roman sentimental. C’est rare chez les médecins ; le hasard, dieu d’une gaieté folle, prend à tâche de réserver ces physionomies quasi angéliques pour les officiers ministériels.

À présent, le docteur Lenoir était bien mûr pour rester ange et notre siècle n’aime pas assez les saints pour que je risque ce mot en parlant de l’homme le plus aimable que j’aie rencontré ici-bas : j’aurais peur de lui faire du tort auprès des dames. Il était un peu trop beau, pour un docteur, voilà tout ce que je puis concéder ; mais comme il avait beaucoup souffert et combattu davantage, ce qui restait des candeurs exquises de sa jeunesse avait pris ce hâle viril qui bronze et glorifie tout soldat.

Le monde l’aimait, sauf les mortels ennemis qui lui faisaient dans l’ombre une guerre sauvage. On ne lui connaissait point d’amis, dans l’acception vulgaire du sujet.

Il vivait seul, faisant le bien sans faste, servant fidèlement la science, mais entouré toujours d’un